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Le quartier des magasins des adjectifs | ||
Extrait de "La grammaire est une chanson douce" de Erik Orsenna : Les magasins sont tenus par la tribu des adjectifs. Observons la scène, sans faire de bruit (autrement, les mots vont prendre peur et voleter en tout sens, on ne les reverra plus avant longtemps).Le nom féminin «maison» pousse la porte, précédé de «la», son article à clochette.- Bonjour, je me trouve un peu simple, j'aimerais m'étoffer. - Nous avons tout ce qu'il vous faut dans nos rayons, dit le directeur en se frottant déjà les mains à l'idée de la bonne affaire. Le nom «maison» commence ses essayages .Que de perplexité ! Comme la décision est difficile ! Cet adjectif-là plutôt que celui-ci ? La maison se tâte. Le choix est si vaste. Maison «bleue», maison «haute», maison «fortifiée», maison «alsacienne», maison «familiale», maison «fleurie» ? Les adjectifs tournent autour de la maison cliente avec des mines de séducteur, pour se faire adopter. Après deux heures de cette drôle de danse, la maison ressortit avec le qualificatif qui lui plaisait le mieux : «hanté». Ravie de son achat, elle répétait à son valet article : - « Hanté », tu imagines, moi qui aime tant les fantômes, je ne serai plus jamais seule. «Maison», c'est banal. «Maison» et «hanté», tu te rends compte ? Je suis désormais le bâtiment le plus intéressant de la ville, je vais faire peur aux enfants, oh comme je suis heureuse ! -Attends, l'interrompit l'adjectif, tu vas trop vite en besogne. Nous ne sommes pas encore accordés. |
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Texte élèves : On trouve des magasins des adjectifs dans la ville des mots. Ils servent à vendre des adjectifs aux noms. Les noms qui se trouvent trop banals, trop simples s’y rendent pour devenir particuliers, spéciaux. Le nom accompagné de son déterminant (les inséparables) cherche un adjectif qui lui convient. Après l’avoir choisi, ils s’en vont tous les trois à la mairie pour s’accorder. Comme par exemple, dans la grammaire est une chanson douce, le nom "maison" se trouvait banal. Il voulait être hanté. |
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